Vous connaissez l'Arménie. C’est aujourd’hui un petit pays situé dans la région du Caucase, et connu pour sa culture riche et son histoire tumultueuse. Au cours des siècles, les femmes arméniennes ont joué un rôle important dans la société. Mais en cette journée des droits des femmes, nous voulions mettre en lumière 4 d’entre elles qui resteront une source d’inspiration pour toutes les femmes.
Voici leurs destins extra-ordinaires.
1/ Diana Apcar : 1e femme diplomate de l’Histoire
Diana Apcar (ou Abgar), baptisée Gayane Agabeg, est née en 1859 à Rangoon en Birmanie dans une famille arménienne. Elle est élevée dans la ville de Calcutta, où elle étudie dans le monastère pour femmes de la ville. Elle y apprend parfaitement l’anglais, l’arménien et l’hindi ; elle maîtrise également le farsi, le japonais et le chinois. Ce nombre remarquable de langues lui permettra de développer un réseau international. En 1891, Diana et son mari emménagent au Japon, qui vient de s’ouvrir sur le monde pour développer son commerce. Cependant, ils font face à deux faillites. Diana y met au monde cinq enfants, dont trois survivent.
Son mari meurt brutalement en 1906. En plus d’avoir à charge ses trois enfants, elle doit rembourser leur dette. Elle poursuit leur entreprise commerciale, qu’elle fait fructifier en établissant des relations d’affaires avec les États-Unis, l’Europe mais aussi la Chine. En 1918, l’Arménie voit son avenir s’éclaircir avec la défaite de l’Empire ottoman et la révolution russe. La Première République d’Arménie est alors créée. En 1920, après avoir été reconnue par le Japon, notamment grâce à l'implication de Diana Abgar, le jeune régime arménien, via son Premier ministre, nomme Diana consul en Extrême-Orient.
Cela fait d’elle la 1e femme Arménienne investie d’un poste diplomatique mais aussi l’une des premières femmes de son siècle.
Cependant, avant que le Japon ne puisse officialiser son nouveau statut, la Première République d’Arménie est absorbée par l’Union soviétique, son poste disparaît donc de facto.
2/ Mélinée Manouchian : la résistante
Mélinée Manouchian était une résistante et militante communiste française d'origine arménienne, née en 1913 à Constantinople (Istanbul). Elle a 2 ou 3 ans quand ses parents sont tués, victimes du génocide des Arméniens par les Turcs ottomans. Elle a émigré en France en 1926 avec sa sœur Armène. Pendant l'occupation allemande de la France de la Seconde Guerre mondiale, elle a travaillé avec son mari, Missak Manouchian, dans le réseau de résistance "Main-d'œuvre immigrée".
Le réseau a mené des actions de sabotage et des attaques contre les forces d'occupation nazies, et a distribué des tracts pour encourager la résistance. En 1943, Missak Manouchian et son groupe sont arrêtés et capturés par la Gestapo. Il seront exécutés en février 1944 au mont Valérien, action immortalisée par ce que l'on appelle aujourd'hui « l’Affiche rouge ». Avant d'être exécuté Missak adresse à Mélinée une lettre poignante qui inspirera le dernier vers du poème de Louis Aragon, "L'affiche rouge".
Après la guerre, Mélinée Manouchian devient la biographe de son défunt mari, Missak Manouchian, chef des troupes militaires FTP-MOI. Elle a été reconnue comme une héroïne de la résistance française.
3/ Zabel Yesayan - Écrivaine et féministe, seule femme sur la liste des personnes à arrêter pendant la nuit du 24 avril 1915.
Zabel Yesayan est née en 1878 à Scutari (Turquie actuelle) dans une famille arménienne. Bien éduquée en grande partie grâce à la croyance de son père en l'importance de l'éducation, une position peu commune à l'époque à l'égard des filles. Intellectuelle engagée, elle est considérée aujourd’hui comme la femme de lettres la plus marquante de la littérature arménienne.
Signe de son influence en tant qu'écrivain et intellectuelle, elle fut la seule femme sur la liste des Jeunes Turcs des Arméniens à déporter et tuer le 24 avril 1915. Elle s'échappa et s'enfuit dans le Caucase, pour finalement s'installer à Paris, où elle devint communiste. Après avoir été invitée en Arménie soviétique, elle décide de s'y installer définitivement.
Souvent qualifiée de féministe par ses critiques contemporains, Yessayan, selon ses propres mots, a rejeté l'étiquette : sa principale préoccupation était l'injustice sociale, y compris la façon dont elle était vécue par les femmes.
Sa vie d’auteure et professeure de littérature française a brusquement pris fin avec les Grandes Purges de Staline de 1936-1937. Bien qu'elle ait pu échapper à la mort pendant le génocide arménien, elle est devenue la victime de la Grande Purge de Staline : elle a de nouveau fini en exil, mais cette fois en Sibérie. Comme beaucoup de ses contemporains, elle fut accusée de subversion, arrêtée et mourut dans des circonstances inconnues en 1943. Ses descendants vivent encore en Arménie.
4/ Alenoush Terian : la mère de l’astronomie iranienne
Née le 9 novembre 1921 à Téhéran en Iran, Alenoush est une astronome et physicienne iranienne d'origine arménienne.
Elle était surnommée la « mère de l’astronomie iranienne » et fut une des fondatrices de l’observatoire solaire à l’Institut de Géophysique de l’Université de Téhéran.
Elle est diplômée de l'université de Téhéran en 1947 en physique. Puis, en 1949, elle quitte l'Iran pour poursuivre des études en physique atmosphérique à Paris, où elle obtient un doctorat en 1956. En 1959, elle part étudier la physique solaire en Allemagne. 3 ans plus tard elle retourne à Téhéran pour enseigner l'astrophysique, alors que seule l'astronomie y était enseignée jusqu'alors.
En 1964 elle est devenue la toute première femme professeur de physique en Iran.
Les histoires de ces 4 femmes au destin exceptionnel sont peu connues chez nous. Mais elles ont toutes influencé le monde de différentes manières, qu'il s'agisse de la diplomatie, des sciences, de la littérature ou encore de la défense de la liberté. Leurs réalisations extraordinaires ont ouvert la voie à de nouvelles opportunités pour les femmes et ont transformé le paysage social, culturel et politique de notre monde. Leur héritage est un rappel constant de la force de la persévérance et de la passion, et une inspiration pour les femmes et les filles du monde entier à poursuivre leurs rêves, à briser les barrières et à réaliser leur potentiel.
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